Nouveaux personnages
Par rapport à la pièce
orginale, le lecteur pourra également constater
que plusieurs nouveaux personnages y font une brève
apparition.
1. Voulant respecter le contexte
historique de l'époque où l'Église
était omniprésente, le personnage du curé
de Sainte-Marie a été créé.
Il fait une brève apparition (un vrai miracle !)
à la Scène 17 de l'Acte III pour livrer
un court sermon et bénir les participants appelés
à voter au tout début de l'assemblée
générale de la Coopérative des
Producteurs de Sirop d'Érable de Beauce.
Son intervention est aussi
une allusion aux pratiques électorales de l'époque
du leader conservateur et fondateur de l'Union nationale,
Maurice Duplessis (1890-1959) qui a été
Premier ministre du Québec de 1936 à 1939
et de 1944 jusqu'à sa mort. Ainsi, durant les
campagnes électorales de l'époque où
le pouvoir de l'Église était énorme,
il n'était pas rare d'entendre, en chaire de
vérité durant la messe dominicale, le
curé exhorter ses fidèles à voter
bleu (couleur du Parti conservateur, de l'Union nationale,
et du ciel, ainsi que du paradis), et non rouge (couleur
du Parti libéral et de... l'enfer !)
2. Quant aux quatre
jeunes et belles Beauceronnes, Marie en fait
allusion (I, 5). Il s'agit d'Alphonsine,
d'Adelphine, de Léontine
et de Vitaline . Ces ajouts
à la pièce originale sont justifiés
par le fait que l'arrivée d'un étranger
– et pas n'importe quel étranger : un
França
de France, un Parisien de Pèris, un bon parti
et un beau bonhomme à part de t' ça !
– dans la Beauce homogène de 1927, ne peut
passer inaperçue. Il s'agit d'une visite rarissime,
exceptionnelle. Sa présence doit susciter curiosité
et intérêt, non seulement à Sainte-Marie,
mais aussi dans les environs. Une telle curiosité
n'existe pas dans la pièce originale, car il
était plus fréquent de rencontrer des
Parisiens à Bruxelles, située à
seulement 250 km. En tout cas, rencontrer un Français
à Bruxelles en 1927 ne constituait pas un événement
comme c'était le cas en Beauce.
J'ai gagé que cet intérêt
était surtout le fait de la gent féminine,
intriguée par ce visiteur exotique, curieuse
de vérifier ses manières, son habillement,
son parler, sa moustache fine et bien peignée,
etc. Et j'ai créé ces quatre personnages,
quatre jeunes demoiselles, inspirées de mes fantasmes
beaucerons. Car l'arrivée et la présence
de Richard font placoter.
Il est le sujet de toutes les conversations à
cette époque de conteurs où les familles
se rassemblent pour la veillée. Et puis, il s'agit,
pour beaucoup, d'un bon parti. Marie devra donc composer
avec la compétition, ce dont Suzanneke est dispensée
dans la pièce originale.
Enfin, ces concurrentes ajoutent
au suspense en laissant moins présumer d'une
fin heureuse pour Marie et Richard, plusieurs dénouements
pouvant être envisagés par le spectateur.
Le metteur en scène pourrait choisir de les faire
apparaître brièvement sur scène
durant le premier acte, ces personnages pouvant être
joués par la même comédienne que
celle qui joue Eugénie.
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