RÉGIONALISMES
: TOURNURES DE PHRASES ET EXPRESSIONS LOCALES
Cette adaptation reprend des
tournures de phrases et des expressions régionales
du langage familier et populaire. En voici quelques-unes :
• Quand
qu'on
au lieu de « Quand on » et quand
t'y au lieu
de « Quand il(s) »
• J'en ai de
besoin, au lieu de « J'en ai besoin »
• À
toutes les fois, au lieu de « Toutes
les fois »
• J'y vas
pour « J'y vais »
• J' m'en viens
pour « J'arrive »
• Parler de même
pour « Parler ainsi »
• Ils sontaient
pour « Ils étaient » (mot d'enfant),
• Je vas lui
aider pour « Je vais l'aider »
(confusion : emploi du complément
d'objet indirect en lieu et place du
complément d'objet direct)
• Ça sauve du
temps pour « Ça économise
du temps » ou « Ça fait gagner
du temps »
• Le monde y
sont beaux
pour « Le monde est beau »
• Je m'en
attendais pour « Je m'y attendais »
• Expressions qui remplacent
le Euh classique et ne veulent rien dire :
• T'sé
là (l'ancêtre de notre T'sé,
veux dire),
• En toué
cas pour « En tous cas » ou «
Dans tous les cas »
• C'est ça qu'est
ça
• C'est c' que j' me
dis
• Ha fà
que pour « Ça fait que »
• La transformation
de certains participes passés, sans aucune
logique, est surprenante, comme le démontrent
les barbarismes ci-dessous :
• Éteindu
pour « Éteint »
• Pourrite
pour « Pourrie »
• Répond
pour « Répondu »
• Émotionné
pour « Ému »
• Mouru pour
« Mort »
Certains Québécois
ont tendance à féminiser
des noms débutant par une voyelle et diront
une avion ou une
hôtel, peut-être du fait qu'on dit
« un bel avion », « un
bel hôtel » , « un bel érable »,
« un bel autobus » et « un
bel ouvrage ». Ils finissent par dire une
avion, une
hôtel, une
érable, une
autobus et une
ouvrage.
Étrangement, dans une
phrase à la construction des plus classiques
(sujet – verbe – complément), certains
Québécois ont tendance à accorder
l'adjectif qualificatif pris adverbialement avec le
sujet féminin ou supposé féminin,
comme dans Elle sent bonne
et L'air est ben bonne.
Certains Beaucerons vont dire
Marie-Ange sa Martine
pour « Martine, la fille de Marie-Ange »
ou bedon, Adélard son père pour «
le père d'Adélard ».
La locution Mais
que plus subjonctif ou
Main que
plus subjonctif est utilisée en Beauce
pour signifier Quand plus
indicatif. Par exemple : Mais
qu'il se marisse
(« Quand il se mariera »), Main
que j'aye
fini (« Quand j'aurai fini »), Mais
que tu soyes
prête (« Quand tu seras prête »),
Main que je me décide
(« Quand je me déciderai »)
ou Mais que j'arrive (« Quand
j'arriverai » ou « Quand que j'arriverai »).
Puisque nous parlons de subjonctif,
signalons qu'il n'est pas rare d'entendre des Québécois
utiliser save pour « sache »,
soit le subjonctif présent du verbe savoir comme
dans s'il fallait qu'ils savent.
On entend également il
faut que j'y alle pour « il faut que
j'y aille ». Les Québécois
ayant développé une véritable allergie
au subjonctif, je me suis permis d'en
remettre et d'inventer des emplois des plus farfelus
comme vous pourrez le constater dans cette adaptation.
J'espère que vous me pardonnerez.
En ce qui concerne les verbes
pronominaux, on a parfois tendance à utiliser
le verbe « avoir » pour le verbe
« être » ou l'inverse. Par
exemple, M. Poulin dira : Le
bouchon de mon col est
sauté (pour « a
sauté »), Je
vas être
étranglé (pour « Je
vais m'étrangler »), C'est
d' nouveau la boutonnière qui a
déchiré (pour « qui
s'est déchirée »),
Il a
brisé (pour « Il s'est
brisé »). Plus tard, ce sera Adélard
qui déclarera : La
cloche est
pas encore sonné (pour « La
cloche n'a pas encore sonné »).
Certains Québécois vont préférer
dire, comme Adélard : C'est
moi qui est
resté sur la tablette au lieu de « C'est
moi qui suis resté
sur la tablette ». Allez comprendre !
La conjugaison
du verbe « asseoir » au
Québec mérite une attention particulière
pour l'imagination délinquante déployée
dans son utilisation avec Assisez-vous
pour « Assoyez-vous » ou « Asseyez-vous »,
Je m'assis pour « Je
m'assois » ou « Je m'assieds »,
Allez vous assire pour
« Allez vous asseoir ». Il faut
admettre qu'il ne s'agit pas là d'un des verbes
de la langue française des plus faciles à
conjuguer.
L'emploi du conditionnel
présent au lieu de l'indicatif imparfait
après la conjonction « si »
introduisant une subordonnée conditionnelle est
fréquente chez les enfants et les adolescents.
Ainsi, on entendra si j'aurais
au lieu de « si j'avais », si
j'aurais su au lieu de « si j'avais
su », si je saurais
au lieu de « si je savais » et
même si vous voiriez,
voire si vous voèiriez
au lieu de « si vous voyiez »
!
Enfin, au Québec, pour
poser une question, on
utilise une formule plus courte et plus directe qui
est, peut-être, inspirée de l'anglais.
Ainsi, on demandera : Viens-tu ?
ou Tu t'en viens-tu ?
ou encore Tu viens-tu ?
et non « Est-ce que tu viens ? ».
On dira également Ça
va ? ou Ça
va ti ben
pour « Est-ce que ça bien ? »
Dans le même ordre d'idée, une proposition
exclamative sera également plus directe. Ainsi,
on dira Ça s'peut-tu !
pour exprimer l'incrédulité.
Il ne faudrait pas voir dans les paragraphes ci-dessus
une critique. Ce n'est qu'un constat ! Et j'ajoute,
au risque de me répéter, qu'elles ne sont
utilisées que dans certains milieux, en famille
ou entre amis, par exemple et dans certaines circonstances
particulières. Leur existence enrichit la langue
française, tout comme les expressions wallonnes
et belges le font. Il y a, bien sûr les règles
strictes édictées par l'Académie
française qui régissent le langage officiel,
formel, protocolaire, littéraire, etc., règles
que le langage populaire et familier ne respecte pas
et finalement, ici aussi, C'est
le peuple qui fait la loi comme disent Robert
Cliche et Madeleine Ferron.
Grand amateur de lapsus, j'ai
doté amicalement M. Poulin d'une facilité
tout humaine à substituer, au terme attendu,
un autre mot, dans le but de faire rire.
Cette
adaptation n'ayant pas été écrite
pour les membres de l'Académie française,
après m'être amusé à observer
les perles
québécoises et beauceronnes, j'ai pris
un malin plaisir à les mettre dans la bouche
des Poulin et des Cliche. Si on ne vaut pas une risée...
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